Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 6.djvu/107

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entretien, du moins pour enceinte continue, doit coûter à peu près la somma minime que le génie consacre annuellement à la conservation de la place de Lille ?

Voici une des sentences le plus souvent reproduites par les antifortificateurs :

« Le temps de dépenser son argent en fortifications est passé. De nos jours, les armées n’opèrent guère utilement qu’en rase campagne. Les grandes batailles tranchent seules les terribles questions de nationalité ; occupons-nous donc exclusivement de notre armée ; c’est plus sûr et plus économique. « 

Il suffira de quelques chiffres pour montrer si ces idées étaient celles d’un grand capitaine que personne, certes, n’accusera d’avoir négligé l’armée.

De 1800 à 1813, Napoléon a fait dépenser en fortifications, plus de 170 millions.

Les écrivains, les orateurs dont je combats ici les idées, ont oublié que les forteresses multiplient la puissance des troupes ; qu’une bonne place exige en moyenne, que l’armée assiégeante soit six à sept fois plus forte que la garnison.

Puisqu’on a prétendu mettre en parallèle les dépenses des fortifications et celles qu’occasionnerait une augmentation inusitée dans la force de l’armée, je citerai quelques lignes de la brochure que publia Carnot, en 1789, pour répondre à certains détracteurs des places de guerre tellement passionnés qu’ils proposaient de les abattre :

« Depuis qu’on a posé la première pierre de la première forteresse du royaume jusqu’à nos jours, ces