Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 6.djvu/119

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des feux courbes les feux directs, comme le voulait Carnot. Mais cette substitution radicale, qui oserait dans l’état présent de l’art en accepter la terrible responsabilité ? Aujourd’hui donc encore, les paroles de Cormontaigne : « Petite place, mauvaise places », conservent leur ancienne vérité. Les forts détachés sont de petites, de mauvaises places ; les forts détachés, militairement parlant, ne sauraient être approuvés.


CHAPITRE XIV

les forts détachés examinés par leur côté politique. — est-il vrai que les gouvernements n’aient jamais regardé les citadelles comme des moyens de maitriser, d’opprimer les populations ? — histoire de la marche suivie dans l’établissement des fortifications de paris.

Les fortifications de Paris ont un côté politique dont il est impossible de ne pas parler.

On a affirmé, avec une burlesque assurance, qu’aucun gouvernement n’a jamais songé à construire des citadelles pour maîtriser les populations des villes. Quelques citations feront justice de cet optimisme de circonstance.

Après avoir développé le projet d’une enceinte continue, qui, suivant lui, devait rendre Paris imprenable, Vauban disait :

« Et parce qu’une ville de la grandeur de Paris, fortifiée de cette façon, pourrait devenir formidable, même à son maître, s’il n’y était pourvu, il faudra faire deux citadelles à cinq bastions chacune, etc. »

Ainsi, Vauban voulait pourvoir aux velléités d’indé-