Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 6.djvu/118

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il faut ajouter que les forts détachés de Paris ne sauraient être pourvus de manœuvres d’eau.

Pour se soustraire à la puissance du ricochet, on a parlé de placer toute l’artillerie des forts projetés sous des casemates. Mais on n’a pas à cet égard surmonté certaines difficultés extrêmement graves. Est-on bien certain, par exemple, de se débarrasser de la fumée qui, dans les casemates anciennes, étouffait les canonniers ou les empêchait, au moins, de rien voir au dehors ?

C’est un principe de toute évidence qu’on ne peut pas voir directement sans être vu. Les clefs des voûtes formant les casemates, ne sauraient donc être dérobées aux coups de l’ennemi. Ces voûtes battues de plein fouet ne manqueraient pas, en peu de temps, de s’ébouler et d’ensevelir sous leurs décombres les canons et les canonniers. La difficulté est tellement grave, tellement directe, qu’un général d’artillerie chaud partisan des casemates, a proposé de les revêtir en fer. Or, voici des avertissements très-sérieux que j’extrais d’un ouvrage classique :

« Le fer, forgé en plaques de 8 centimètres d’épaisseur, est percé et brisé par les boulets lancés avec de fortes charges.

« La fonte de fer ne se laisse pas sensiblement pénétrer, mais elle se brise en éclats, lors même qu’elle est en blocs des plus fortes dimensions. »

Dans une question si grave il faut dire la vérité tout entière. Les casemates n’auront une grande utilité que pour mettre les garnisons des forts détachés à l’abri des bombes. Elles joueraient aussi un grand rôle si dans la défense on se proposait de remplacer entièrement par