Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 6.djvu/128

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un très-court passage de l’ouvrage publié en 1836 par le plus savant de nos artilleurs :

« On a fabriqué, pour certaines circonstances, des mortiers à âme allongée, en bronze et en fonte. Ceux du calibre de 8 et de 9 pouces lançaient leurs bombes jusqu’à 5, 000 mètres, Les bombes de 10 et de 11 pouces allaient au delà de 6, 000 mètres. »

Armez les forts détachés de quelques-uns de ces mortiers que les artilleurs savent couler pour certaines circonstances, et chacun de ces forts deviendra dans l’occasion un Montjouich de la ville de Paris.

Toutefois, je l’avouerai franchement, ce n’est pas l’action directe de l’artillerie des forts sur la capitale qui me paraît le plus à craindre ; les feux transversaux dirigés sur les routes auraient des effets encore plus décisifs.

Les garnisons des forts pourraient, à l’aide de leurs feux croisés, arrêter, sinon des colonnes d’attaque, du moins les bons laboureurs qui, jour et nuit, viennent approvisionner Paris ; il dépendrait d’elles d’affamer la capitale. Ceux dont les opinions triomphent aujourd’hui, loin de s’inquiéter d’un pareil résultat, l’envisagent avec complaisance. Les passions politiques paralysent chez eux la prévoyance a plus vulgaire. Ils oublient qu’en tous pays, suivant l’expression du poëte, qu’en France particulièrement : « Les destins et les flots sont changeants. »

Reportons donc leurs souvenirs sur deux ou trois événements de l’histoire contemporaine.

Le parti qui succomba le 9 thermidor disposait d’une force armée assez nombreuse, mais mal commandée. Cette force, quelques discours la dispersèrent. Supposez