Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 6.djvu/135

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convictions réfléchies sur les forts détachés ; elles n’ont pas varié. Je crois donc remplir le rôle d’un bon citoyen, en soutenant la nécessité de la révision du système adopté pour les fortifications de Paris, en montrant que la construction des forts doit être modifiée.

Je suis profondément convaincu que les forts détachés seront rasés tôt ou tard ou tout au moins ouverts à la gorge. Les Parisiens n’ont jamais voulu de canons tournés contre les berceaux de leurs enfants ils n’en veulent pas pas davantage aujourd’hui. La prise de la Bastille, le 14 juillet 1789, ne fut pas, comme on se l’imagine, le résultat d’un caprice irréfléchi, d’un accès d’aveugle fureur. Lorsque les historiens, au lieu de se copier les uns les autres, puiseront aux sources originales, ils verront la démolition de la Bastille figurer déjà en première ligne, parmi les vœux consignés dans les cahiers que le corps électoral de la capitale remit à Bailly, à Tronchet, à Sieyès, etc., ses mandataires auprès de l’Assemblée nationale. La même antipathie trouva, peu de temps après, l’occasion de se manifester ouvertement : des remblais et des déblais, exécutés à Montmartre pour rendre la commune et les moulins plus abordables, ayant paru destinés à établir de l’artillerie, il en résulta dans Paris une fermentation menaçante que les proclamations de la municipalité apaisèrent très-difficilement.

L’antipathie pour des citadelles pointant des canons sur la ville n’est donc pas un sentiment nouveau ; elle n’est pas davantage l’effet d’une opposition mesquine et systématique : on la trouve chez des personnes de