Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 6.djvu/134

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ayant, contre toutes les règles de l’art, des fronts bastionnés tournés du côté de Paris deviendront après leur reddition un puissant moyen d’action contre la capitale, et ensuite un effroyable instrument d’oppression.

La prise des forts exercerait une influence désastreuse sur le moral de la garnison enfermée dans l’enceinte.

Le défense des forts détachés ne saurait, sans de graves inconvénients, être confiée à la seule garde nationale ; sa place, à elle, est derrière les remparts de la fortification continue. Les forts immobiliseraient donc une partie notable de l’armée active.

Dans les mains d’une faction (j’appellerai de ce même nom, sans scrupule, tout gouvernement qui violerait les lois), dans les mains d’une faction, les forts pourraient être un jour les auxiliaires des plus mauvaises passions, des plus sinistres événements.

La ligne de citadelles rendra les coups d’État faciles. Il n’est pas de gouvernement qui, dans certaines circonstances, n’ait songé à recourir à ces mesures extrêmes.

La branche aînée avait cauteleusement introduit, dans l’article 14 de la charte, le principe des coups d’État ; elle n’eut pas le temps d’organiser la force, sans laquelle ces entreprises audacieuses avortent. A l’avenir, le gouvernement aurait la force sans le principe, les moyens d’action sans l’article 14 ; l’un ne vaut guère mieux que l’autre. Les autorités politiques, si elles pouvaient sans risque sortir de là légalité, céderaient souvent à la tentation.

Telles étaient en 1833, en 1841, en 1844, mes