Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 6.djvu/246

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paroles, disons-nous, ne prouvent pas que les Parisiens, il y a plus de deux siècles, témoignaient déjà hautement toute leur aversion pour des forteresses qui les auraient livrés sans défense aux caprices des courtisans et des soldats.

A-t-on déjà oublié qu’en juillet 1789, des remblais exécutés à Montmartre pour rendre le village et les moulins plus accessibles aux voitures, ayant paru destinées à recevoir de l’artillerie, excitèrent dans Paris une fermentation menaçante, que les proclamations de la municipalité apaisèrent difficilement ; que, dans le même mois, le 14 juillet, la mise en batterie de plusieurs canons sur la plate-forme de la Bastille, fut la cause première du rassemblement formidable qui, après avoir envahi toutes les rues du quartier Saint-Antoine, s’empara de la forteresse ? que la population de Metz, si patriote et si habituée, Dieu merci, à la vue de fortifications de toute espèce, exigea cependant, au commencement de la révolution, la démolition de celles des faces de la citadelle dont les feux se trouvaient dirigés vers la ville ? Faut-il rappeler, enfin, qu’en 1831, les murmures unanimes de la capitale firent renoncer aux deux forteresses qui devaient couronner Montmartre, et dont les contours étaient déjà indiqués par des piquets ? Vous-mêmes, d’ailleurs, messieurs les avocats du ministère, n’avez-vous pas tacitement reconnu que les appréhensions des citoyens sont légitimes ? Sans cela aurions-nous vu dès l’origine, vos rapports, vos discours, vos publications quotidiennes, proclamer que la ville serait hors de portée de l’artillerie des citadelles ? Aujourd’hui même