Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 6.djvu/247

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ne restez-vous pas cramponnés à cette thèse, malgré l’évidence incontestable des faits ? Voyons, au surplus, si les efforts de l’officier anonyme et de ses associés ont été plus heureux.

« Aucun des projectiles des forts, disait un ministre à la Chambre, ne peut arriver sur la ville. »

J’ai signalé sur le plan officiel, un fort, celui de Passy, qui n’est pas à 80 toises du mur d’enceinte. Comme il eût été trop ridicule de déclarer en termes précis qu’un canon n’a pas 80 toises de portée, les commentateurs de l’assertion ministérielle se sont jetés dans le vague des considérations générales. « Les assurances du ministre du commerce, dit le Journal de Paris, sont justifiées par l’opinion d’hommes expérimentés. M. le colonel Lamy, qui probablement sait à quoi s’en tenir sur la portée ordinaire du canon, a dit à la tribune (comme M. le ministre) que le feu des forts détachés ne pourrait arriver jusqu’à nous… On aura peine, ajoute-t-il, à nous persuader que les officiers du génie ne sont pas aussi compétents, pour trancher des questions de balistique et de fortification, que M. Arago pour rédiger l’Annuaire du Bureau des Longitudes. »

Toutes ces phrases sont peut-être très-spirituelles dans la forme ; mais, ramenées à leur vraie signification, elles peuvent se traduire ainsi : « Les officiers du génie qui partagent les opinions politiques du ministère, ont décidé que les canons, les obusiers et les mortiers, ne lancent pas leurs projectiles au delà de 80 toises, distance du fort de Passy à l’enceinte de la ville ! » Je n’aurai pas la témérité de défendre, sans mission, les officiers