Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 8.djvu/129

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dans la colonne. Aussi, dans l’esprit des physiciens, la Lune rousse se trouve reléguée parmi les préjugés populaires à côté des prétendues influences des phases sur les changements de temps, tandis que les agriculteurs, de leur côté, demeurent encore persuadés que ses rayons refroidissent tout ce qu’ils frappent. Le lecteur, maintenant familiarisé avec les effets du rayonnement nocturne, doit entrevoir combien il sera aisé de concilier ces deux opinions en apparence si contradictoires ; il suffira même qu’il se rappelle que, par un temps serein, les plantes peuvent acquérir en rayonnant vers l’espace une température de ou même centigrades au-dessous de lu température de l’atmosphère ambiante, et que ces différences disparaissent dès qu’il y a beaucoup de nuages.

En effet, dans les nuits des mois d’avril et de mai, la température de l’atmosphère n’est souvent que de de ou de centigrades au-dessus de zéro. Les plantes exposées à la lumière de la Lune, c’est-à-dire à un ciel serein, peuvent alors se geler nonobstant l’indication du thermomètre, puisque le rayonnement leur fait perdre de à Si la Lune, au contraire, ne brille pas, si le ciel est couvert, le rayonnement est presque totalement détruit, la température des plantes descend à peine au-dessous de celle de l’atmosphère, il n’y a de gelée que si le thermomètre a marqué zéro. Il est donc vrai, comme les jardiniers le prétendent, qu’avec des circonstances atmosphériques toutes pareilles, une plante pourra être gelée ou ne l’être pas, suivant que la Lune sera visible ou cachée derrière des nuages. Mais on a tiré de cette remarque de fausses conséquences la lumière de la