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Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 8.djvu/130

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Lune ne produit ici aucun effet, elle est seulement l’indice de cette grande pureté du ciel, sans laquelle le rayonnement nocturne n’amènerait qu’un refroidissement insensible. Que l’astre soit levé ou sous l’horizon, le phénomène a également lieu dès que l’atmosphère est sereine. L’observation des jardiniers n’était donc qu’incomplète ; mais l’absurde théorie à laquelle on l’avait rattachée n’avait pas peu contribué il la faire rejeter sans examen.

La prétendue action de lu Lune rousse se rattache, comme on vient de le voir, de la manière la plus naturelle, à la différence considérable qui existe, dans une nuit sereine, entre la température des corps terrestres et celle de l’air dont ils sont enveloppés. Cette différence a été établie, comme on l’a vu dans les premiers chapitres de cette Notice, par des observations nombreuses, incontestables. Or c’est seulement à titre de fait expérimental que je l’ai citée ; je pourrais donc ne pas aller plus loin. Toutefois, comme il est possible de donner, sans de trop grands détails, la cause physique d’une aussi singulière anomalie, j’ai pensé que le lecteur ne serait pas fâche de la trouver ici. Ce que je vais dire est en quelque sorte le résumé de tous les principes que j’ai exposés sur le rayonnement nocturne.

Deux corps diversement échauffés, quoique placés à distance l’un devant l’autre, acquièrent à la longue une égale température, même dans le vide. Il existe donc des effluves, des rayons de chaleur qui émanent des corps dans toutes sortes de directions, et à l’aide desquels, aux plus grandes distances possibles, ils peuvent s’influencer réciproquement. Ces effluves, ces rayons, constituent