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Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 8.djvu/171

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les données auxquelles il sera indispensable que cette solution satisfasse.

Tout le monde convient que dans un lac, dans un étang, dans toute nappe d’eau stagnante, la congélation s’opère de l’extérieur à l’intérieur. C’est la surface supérieure de l’eau qui se prend d’abord. L’épaisseur de la glace augmente ensuite en allant de haut en bas.

En est-il de même des eaux courantes ? Les physiciens le croyaient. Les meuniers, les pêcheurs, les bateliers, au contraire, soutenaient que les glaçons dont les rivières sont encombrées en hiver, viennent du fond. Ils prétendaient les avoir vus monter, les avoir arrachés souvent avec leurs crocs. Ils faisaient remarquer, pour appuyer leur opinion, que la surface inférieure des gros glaçons est imprégnée de fange qu’elle est incrustée de gravier qu’elle porte, en un mot, les vestiges les moins équivoques du terrain sur lequel ils reposaient qu’en Allemagne, les mariniers ont même un nom spécial et caractéristique pour désigner les glaces flottantes ; qu’ils les appellent Grundeis c’est-à-dire glaces du fond. Tous ces arguments faisaient peu d’impression sur des esprits prévenus. Il n’aurait fallu rien moins que le témoignage de plusieurs physiciens expérimentés pour faire croire à la réalité d’un phénomène qui semblait directement contraire aux lois de la propagation de la chaleur. Eh bien, on va voir que ces témoignages ne manquaient pas ; que si le phénomène de la naissance des glaces au fond des eaux ne figure pas depuis longtemps, comme un fait avéré, dans les traités de physique et de météorologie, c’est que les auteurs de ces traités se copient ordinaire-