Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 8.djvu/173

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

déjà ancienne, et dont il est vraiment étrange que n’aient point parlé ceux qui ont envisagé la question des glaces flottantes sous le point de vue historique.

À la fin de décembre 1780, le froid redoubla tout à coup dans le midi de la France, par un vent du nord assez vif. Le thermomètre y descendit jusqu’à et centigrades au-dessous de zéro. Desmarest, de l’Académie des sciences, qui se trouvait alors à Annonay, vit le lit de la Déome se couvrir d’une glace spongieuse. Elle naquit d’abord sur les bords de cette rivière, où la nappe liquide n’avait que à mètre d’épaisseur. Le froid ayant continué, la glace se montra bientôt jusque dans les parties les plus profondes.

Dans les endroits où l’eau coulait sur des rochers à nu, Desmarest n’aperçut jamais aucun vestige de glace. Elle se formait, au contraire, rapidement et en abondance partout où il existait des amas de sable. Sur quelques points elle acquit une épaisseur de

Suivant Desmarest, « c’était par la partie inférieure qui touchait au fond, que les glaçons prenaient leurs accroissements successifs. La glace déjà formée était soulevée continuellement par la force expansive de la glace qui se formait. En observant cette marche, j’ai vu, dit-il, que certains glaçons, en une seule nuit, avaient été soulevés de à pouces ( à ). Quelques-uns même, par des sous-additions journalières et assez égales, avaient crû de manière à former des îles de glace qui figuraient au-dessus de l’eau courante. »

Personne, jusqu’ici, n’a confirmé ce mode d’accroissement des glaces submergées. On doit regretter que Des-