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Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 8.djvu/251

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le nom qu’elle porte, à cause de l’aspect verdoyant de ses côtes. Des colonies nombreuses s’y établirent et faisaient encore, dans le commencement du xve siècle, un commerce très-animé avec la Norvège ; mais à partir de cette époque, toutes les communications ont cessé. Les glaces, en s’accumulant d’année en année sur la côte orientale, ont empoché les bâtiments d’y aborder. Aussi l’existence même du vieux Groenland était naguère rangée au nombre des fables.

Cependant, en 1816, des pécheurs de baleines s’étant aperçus que deux cents lieues carrées de glace avaient disparu, dirigèrent leur course à l’ouest et reconnurent le vieux Groenland. On assure même, dans des relations danoises, que des navigateurs de cette nation y ont abordé de nouveau. Cette débâcle extraordinaire et subite parait s’être étendue fort avant vers le pôle nord, car dans l’automne de 1816, des navigateurs ont rencontré d’immenses îles de glaces flottantes qui n’étaient pas encore fondues, quoique les courants les eussent déjà entraînées jusque près des tropiques.

Les expéditions scientifiques envoyées postérieurement vers le pôle nord ont fourni des notions précises sur cette dislocation des glaces des mers polaires[1]. Des courants d’eau chaude qui sillonnent les mers arctiques et luttent avec les froids permanents du pôle nord expliquent les modifications séculaires présentées par les climats les plus septentrionaux.

  1. 1. Voir t. IX des Œuvres, Instructions, Rapports et Notices sur les Voyages scientifiques, p. 113 à 133.