Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 8.djvu/308

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que tous les ménages : on ne pouvait le couper qu’après l’avoir exposé au feu. Plusieurs voyageurs périrent dans les neiges ; à Lemberg, en Galicie, trente-sept personnes furent trouvées mortes de froid en trois jours à la fin de décembre. Les oiseaux qui habitent ordinairement le Nord se montrèrent dans plusieurs provinces de la France. Les poissons périrent dans presque tous les étangs à cause de la profondeur qu’atteignit la glace. Beaucoup d’arbres fruitiers furent profondément maltraités ; une partie des vignes gelèrent ; dans le Beaujolais, celles surtout qui étaient plantées dans les terrains humides furent profondément atteintes ; on fut obligé de les tailler jusqu’au ras de terre. Les poiriers eurent beaucoup à souffrir ; les pommiers, et surtout les arbres à fruit à noyau, résistèrent mieux ; mais presque tous les noyers furent détruits. Dans les provinces méridionales, les orangers, les oliviers, les grenadiers moururent presque tous. « Les grands froids, dit M. de Gasparin, durèrent en Provence du 20 décembre au 8 janvier ; le thermomètre descendit à Orange à Le dégel, comme en 1709, cut lieu subitement par un vent du sud qui succéda sans transition au vent du nord et fit un mal considérable. » Les arbres forestiers furent aussi fortement endommagés  : ceux de la famille des pins se trouvèrent en grande partie détruits ; d’autres arbres se fendirent du haut en bas. Quant aux blés, ils furent garantis du froid par l’épaisse couche de neige qui les recouvrait  : « Ils sont sortis, dit Cotte, très-verts de dessous la neige ; ils sont même plus épais qu’à l’ordinaire, parce qu’ils ont tallé et ont été purgés des mauvaises herbes qui les étouffent à la suite des hivers très-doux. Beaucoup de moutons renfermés dans des étables malsaines ont perdu leur laine et ont péri ; ceux qui étaient demeurés en plein air ont conservé leur toison et n’ont pas été malades. De tous les animaux domestiques, les chevaux ont le moins souffert ; le gibier et le poisson ont succombé en partie. Les oiseaux des champs sont morts d’inanition à cause de la neige, » Lors du dégel, la débâcle des glaces, sur la plupart des fleuves, causa de grands désastres. Sur les bords de la Loire, notamment, sept lieues de terrain furent ravagés ; les ponts de Tours, de Nevers, de la Charité, et des Ponts-de-Cé furent emportés. Les débâcles de la Saône et de la Dordogne produisirent aussi de grandes pertes. (Gazette de France ; Mercure de France ; Journal de physique, t. XXXIV ; Connaissance