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LIVRE V. — DE LA VISIBILITÉ DES ASTRES.

CHAPITRE III

de la sensibilité de l’œil pour la vision des étoiles


La sensibilité de l’œil est très-variable suivant les points de la rétine où l’image vient se former. Ainsi, lorsqu’on regarde directement une très-faible étoile avec un télescope, on peut ne pas la voir, tandis qu’on aperçoit distinctement des étoiles qui ne sont pas plus brillantes situées à droite ou à gauche de la première. Les astronomes ont eu mille fois l’occasion de remarquer que pour observer les très-faibles satellites de Saturne, il faut diriger sa vue à quelque distance du point où le satellite se trouve ; en ce sens, on peut dire sans paradoxe, que pour apercevoir un objet très-peu lumineux, il faut ne pas le regarder.

Cette remarque est citée dans un ouvrage d’Herschel comme résultant de ses propres observations, mais elle était déjà consignée dans un Mémoire de Cassini IV.

Peut-être expliquera-t-on le fait d’une manière très simple, en faisant observer que le centre de la rétine étant le point qui, dans l’acte de la vision est le plus fréquemment employé, doit conséquemment le premier perdre de sa sensibilité.

Il y a de très-grandes différences quant à la sensibilité entre des vues d’ailleurs très-saines.

Tout le monde se rappelle ce vers d’Ovide sur les pléiades :

Quæ septem dici, sex autem esse solent.