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Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences - Astronomie populaire, tome 1.djvu/226

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ASTRONOMIE POPULAIRE.

La première fois, Arcturus était encore visible, vers le couchant, plus d’une demi-heure après le lever du soleil : « J’en eus une si grande joie, dit Morin, que je faillis renverser la lunette et l’instrument. »

Le lendemain, Morin vit Vénus en forme de croissant, pendant une heure et plus après le soleil levé.

Cette découverte de la possibilité de voir les astres en plein soleil transporta l’astrologue Morin d’enthousiasme. Il attribuait sa bonne fortune à une intervention surnaturelle. « Un jour, dit-il, j’examinais les satellites de Jupiter, lorsqu’un messager céleste vint à tire d’aile se présenter à moi, et me tint ce discours : — Pourquoi fatiguer inutilement tes yeux à regarder avec cet instrument la lune, le soleil et Jupiter ? Laisse ces amusements aux autres ; applique-toi à des choses plus utiles, auxquelles tu es destiné. Si tu suis ce conseil, une plus grande gloire t’est réservée, puisque tu verras en plein jour les planètes et les principales étoiles qu’aucun mortel n’a jusqu’ici pu apercevoir, si ce n’est pendant la nuit. »

La sixième section de la Science des longitudes, où ce passage se trouve, a été imprimée, suivant Fouchy, en 1635 (Mém. de l’Académie, 1787, page 391), et, suivant Delambre, en 1636 (Astron. moderne, t. ii, p. 254.).

Morin avait envoyé son ouvrage aux célébrités astronomiques de son temps, entre autres à Galilée.

Dans une lettre à Lorenzo Realio, en date de 1637, Galilée dit qu’avec ses lunettes perfectionnées on voit pendant tout le jour (si vede tutto il giorno) Jupiter, Vénus, les autres planètes et une bonne partie (buona