Aller au contenu

Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences - Astronomie populaire, tome 1.djvu/483

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
441
LIVRE IX. — DES ÉTOILES SIMPLES.

Huygens ayant remarqué que les deux étoiles d’un éclat très-différent qui composent ζ de la Grande Ourse restaient également distantes l’une de l’autre à toutes les époques de l’année en concluait que la parallaxe de la grande était insensible. Mais cette conclusion n’aurait pu se déduire légitimement de l’observation que s’il avait été démontré que la petite étoile était beaucoup plus éloignée de la terre que la grande[1].

Jacques Cassini essaya en 1714 et 1715 de déterminer la parallaxe de Sirius à l’aide d’une lunette fixe, mais l’incertitude de la réfraction à la petite hauteur à laquelle se trouve l’étoile au-dessus de l’horizon de Paris au moment de son passage au méridien, et l’aberration de la lumière qui n’était pas connue alors, suffisent pour expliquer la grandeur très-exagérée 10 à 12″ que l’astronome français trouva pour la parallaxe de l’étoile en question.

Après que Bradley eut découvert en 1728 l’aberration de la lumière et la nutation, toutes les positions des étoiles observées dans les différentes saisons de l’année à Kew et à Wansted et corrigées de ces deux causes de perturbation s’accordèrent si bien entr’elles qu’il ne restait plus de place pour une parallaxe annuelle. Cette conclusion s’appliquait spécialement aux deux étoiles ζ de la Grande Ourse et γ du Dragon.

En appliquant, vers le milieu du siècle dernier, la méthode de Galilée, Robert Long commit la faute impardonnable de choisir, dans le nombre considérable de

  1. Dans ce cas particulier les deux étoiles, comme on l’a reconnu plus tard, forment un système binaire et sont à peu près à la même distance de la terre.