Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences - Astronomie populaire, tome 2.djvu/146

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nécessaire qu’il soit très-pur, à faces exactement parallèles et d’un poli en quelque sorte mathématique. Le plus ancien ouvrage à ma connaissance, où il soit fait mention d’un verre coloré interposé entre l’œil et l’oculaire de la lunette est de 1620 ; il est intitulé : Barbonia Sidera, etc., par Jean Tarde, chanoine de la cathédrale de Sarla.

L’œil ne pouvant endurer la vive lumière de l’image solaire qui se forme au foyer d’une lunette ou d’un télescope, tous les astronomes regardent aujourd’hui cette image focale à travers un verre coloré en rouge ou en vert, et qui communique sa teinte aux rayons lumineux.

Ainsi l’astre radieux ne se voit pas dans son état naturel. Le choix des verres colorés dont il faut se servir pour atténuer l’intensité des images télescopiques du Soleil, a une grande importance. Il en est de même de la position qu’on assigne à ces verres affaiblissants. Puisque divers astronomes voués à l’étude de la constitution physique du Soleil, sont devenus aveugles, faute d’avoir donné à cette branche importante de l’art d’observer une attention suffisante, je dois résumer ici quelques-uns des résultats auxquels est arrivé William Herschel en soumettant la question à des expériences développées et à une étude approfondie.

Les verres rouges, lors même qu’ils ont affaibli la lumière solaire de manière qu’on puisse aisément la supporter, transmettent une grande quantité de rayons calorifiques dont l’œil de l’observateur souffre beaucoup.

Les verres verts interceptent la majeure partie de la chaleur ; mais, à moins d’une épaisseur démesurée, ils laissent à la lumière une intensité blessante.