Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences - Astronomie populaire, tome 2.djvu/166

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le matin et s’éteignait le soir dans les eaux de l’Océan. Selon Plutarque, les idées d’Épicure auraient été un peu moins étranges : il faisait du Soleil une masse terrestre, percée à jour comme les pierres ponces, et en état d’incandescence. Mais pourquoi percée à jour ? On ne saurait comprendre une telle assimilation.

La découverte des lunettes, celle des taches qui en fut la conséquence, vont maintenant nous conduire à des théories plus substantielles.

Après avoir remarqué combien les taches changent rapidement de figure, Galilée fut naturellement conduit à supposer qu’il existe autour du Soleil un fluide subtil, élastique. Les taches, à cause de leur imparfaite obscurité, furent assimilées à nos nuages nageant dans ce fluide : « Si la Terre, dit l’illustre philosophe, était lumineuse par elle-même, et qu’on l’examinât de loin, elle offrirait les mêmes apparences que le Soleil. Suivant que telle ou telle région se trouverait derrière un nuage, on apercevrait des taches tantôt dans une portion du disque apparent, tantôt dans une portion différente ; la plus ou moins grande opacité du nuage amènerait un affaiblissement plus ou moins grand de la lumière terrestre. A certaines époques il y aurait peu de taches ; ensuite on pourrait en voir beaucoup ; ici elles s’étendraient, ailleurs elles se rétréciraient ; ces taches participeraient au mouvement de rotation de la Terre, en supposant que notre globe ne fût pas fixe ; et comme elles auraient une profondeur très petite comparativement à leur largeur, dès qu’elles s’approcheraient du limbe, leur diamètre s’amoindrirait notablement. »