Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences - Astronomie populaire, tome 3.djvu/439

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on a dû admettre que la Lune tourne sur elle-même dans le même temps qu’elle met à faire sa révolution autour de notre globe (chap. x, p. 405). Ce mouvement de rotation comporte comme conséquence que l’ellipsoïde lunaire doit être allongé dans le sens de la ligne qui joint les centres des deux globes. Cet allongement du reste fort petit, a été regardé comme un effet de l’attraction continue de la Terre sur la Lune encore pâteuse ; de là, la recherche à laquelle divers cosmologues se sont livrés, sur la question de savoir si cette même attraction avait contribué, en quelque chose, à la formation des aspérités et des cavités dont la surface de notre satellite est recouverte. Le résultat de cette investigation a été décidément négatif.

Voici comment on peut raisonner, sans rien emprunter à la théorie.

On prouve par une observation immédiate, c’est-à-dire sans recourir à la discussion des phénomènes de mouvement, que les corps pèsent à la surface de la Lune, comme les corps terrestres à la surface de notre planète, et que, soulevée au-dessus du globe lunaire, une masse matérielle tomberait vers son centre. Je trouve consignée, à la date de 1667, dans la micrographie de Hooke, cette démonstration qui mérite d’être citée :

« Dans aucune des régions du globe lunaire, cependant si accidenté, on ne voit des parties surplombantes, comme cela aurait certainement lieu, si, sur notre satellite, la matière ne pesait pas. Les parties qui, à l’origine, ont pu se trouver hors de la verticale, sont tombées par l’action, longtemps continuée, de la pesanteur lunaire. »