Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences - Astronomie populaire, tome 3.djvu/453

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Rapportons maintenant une observation du même genre faite par Euler.

En 1748, Euler observa à Berlin les diverses phases d’une éclipse annulaire de Soleil, non pas directement, mais à l’aide des images des deux astres projetées sur un carton. Le grand géomètre crut avoir remarqué qu’au moment où le bord obscur de la Lune s’approchait du bord du Soleil, celui-ci était en quelque manière repoussé ; il en tira la conséquence que les rayons solaires avaient éprouvé dans l’atmosphère de la Lune une réfraction de 20 à 25 secondes.

Mais une observation pareille faite, pour ainsi dire, à l’œil nu, est évidemment de peu de valeur à côté des observations faites en visant directement à la Lune, et dans lesquelles on n’a rien aperçu de semblable à ce que rapporte Euler. La remarque de cet illustre géomètre ne prouve donc pas l’existence d’une forte atmosphère autour de la Lune. Tout ce qu’on doit en déduire légitimement, c’est qu’on peut être le plus illustre analyste de son siècle et un observateur médiocre.

L’existence d’une atmosphère autour de la Lune pourrait être constatée aujourd’hui par une méthode expérimentale très-simple et à l’abri de toute objection, en se servant de lunettes à doubles images, soit héliométriques, soit à prisme de Rochon. Supposons que deux étoiles doivent être occultées, et qu’un temps suffisant avant l’arrivée de ce phénomène on détermine la distance angulaire qui les sépare, en mettant leurs images tangentiellement l’une à l’autre ; à peine la lumière de la plus occidentale de ces étoiles traverserait-elle l’atmosphère lunaire, que