Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences - Astronomie populaire, tome 3.djvu/635

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juste prééminence que l’on doit accorder à un fait positif sur un fait négatif.

Une observation plus positive, quant à la polarisation de la lumière de la couronne, est celle que nous fîmes, M. Mauvais et moi, à Perpignan en 1842. Voici en quels termes elle est rapportée dans la relation que j’ai donnée de cette éclipse[1] :

« Absorbé dans la contemplation du magnifique spectacle qui venait de se dérouler devant nous, et dont la durée devait être, au maximum, de deux minutes et un quart, je ne pensais plus à la polarisation de la lumière. Enfin, ce phénomène me revint à la mémoire. Quelques secondes seulement nous séparaient alors de la fin de l’éclipse totale : il n’y avait pas de temps à perdre. Je saisis sur-le-champ un polariscope à lunules placé à côté de moi ; je remis à M. Victor Mauvais un polariscope à bandes colorées, et je me mis à explorer, avec mon instrument, les environs de l’auréole lumineuse, l’auréole elle-même, et jusqu’à la région atmosphérique qui se projetait sur le disque de la Lune. Partout je vis les deux lunules teintes de ces couleurs complémentaires qui indiquent, d’une manière infaillible, la présence de rayons polarisés dans tout faisceau soumis à l’analyse délicate de l’instrument. Je n’eus pas le temps de pousser les observations plus loin. Il me fut impossible d’évaluer numériquement l’intensité de la polarisation dans la lumière provenant de la couronne, et cette même intensité dans la lumière correspondant aux deux régions, comparative-

  1. Voir t. VII des Œuvres, t. IV des Notices scientifiques.