Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences - Astronomie populaire, tome 4.djvu/14

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Supposons qu’un canon, placé à une certaine hauteur, ait été pointé dans une direction parfaitement horizontale. Le boulet sortira de cette pièce horizontalement ; mais personne n’ignore qu’il abandonne bientôt cette direction, qu’il descend peu à peu, qu’à la fin il tombe à terre. Personne ne doute non plus que cette descente graduelle du boulet ne soit l’effet de la force attractive du globe. On ne sait pas aussi généralement si cette force est modifiée dans ses effets par la vitesse de translation du boulet. Une expérience très-simple nous l’apprendra.

Supposons qu’en face du canon il y ait un mur vertical, que l’éloignement de ce mur soit d’ailleurs tel que le boulet emploie tout juste une seconde pour aller le frapper ; marquons exactement le point sur lequel l’axe de la pièce est dirigé, le point que le boulet irait rencontrer s’il se mouvait en ligne droite, si pendant sa course la Terre ne l’attirait pas. La distance verticale de ce point de visée au point, sensiblement plus bas, par lequel le boulet pénétrera réellement dans le mur, est la mesure de l’effet que la pesanteur produit, dans l’intervalle d’une seconde, sur un corps qui se meut avec une très-grande vitesse horizontale. L’expérience donne pour cette distance 4m,9 ; c’est précisément la quantité dont le boulet soulevé et abandonné ensuite à lui-même, tombe verticalement dans le même sens.

Plaçons, si l’on veut, le mur à un plus grand éloignement du canon. Supposons que le boulet n’aille l’atteindre qu’au bout de deux secondes. Le point que ce boulet frappera se trouvera beaucoup plus au-dessous du point visé que dans la précédente expérience ; mais la distance