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Lorsque les Grecs et les Romains voulaient parler d’une étoile rougeâtre, ils prenaient toujours cette planète pour terme de comparaison. Aujourd’hui même, Mars est l’astre du firmament qui présente la plus forte coloration en rouge. Deux à trois mille ans paraissent ne pas avoir altéré le caractère particulier de la lumière qu’il nous réfléchit et qui semble tenir à la nature de la matière dont certaines régions de la planète sont formées.

Quelques astronomes, physiciens et géologues, ont parlé à cette occasion de terrains ocreux, de grès rouge, etc., sur lesquels la lumière solaire serait réfléchie. Lambert, pour expliquer le même phénomène, supposait que dans cette planète tous les produits de la végétation sont rouges ; d’autres, se rappelant qu’au Soleil levant ou au Soleil couchant les objets terrestres sont quelquefois rougeâtres, ont voulu voir dans la coloration de Mars le résultat des modifications imprimées aux rayons de lumière par l’atmosphère dont la planète serait entourée.

Mais cette explication ne saurait être admise. En la supposant exacte, c’est sur les bords et dans les régions polaires que la coloration devrait atteindre son maximum, et c’est précisément le contraire qu’on observe.

On a remarqué que la couleur rouge de Mars paraît beaucoup plus intense à l’œil nu que dans une lunette ; en interrogeant mes souvenirs, il me semble qu’avec des lunettes la teinte s’affaiblit notablement quand le grossissement s’accroît.

Si cette observation est exacte, elle servirait à expliquer le fait principal, sans préjudice de l’influence que