Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences - Astronomie populaire, tome 4.djvu/380

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sion. La pénétration de la vue des indigènes et des Tartares est, comme on sait, devenue proverbiale.

Mon ami de Humboldt a récemment transcrit, dans son Cosmos, une note de Boguslawski, directeur de l’Observatoire de Breslau, relative à un maître tailleur de cette ville qui apercevait, à l’œil nu, deux des satellites, le troisième et le premier ; malheureusement M. Boguslawski ne dit point de quelles précautions il s’entoura pour s’assurer que le tailleur Schœn ne le trompait pas.

Au reste, la visibilité des satellites de Jupiter pour quelques personnes, et la non-visibilité pour le plus grand nombre, est un fait dont il faut chercher l’explication, s’il est vrai que deux de ces satellites, le troisième et le premier, mais surtout le troisième, doivent être assimilés aux étoiles de sixième grandeur, c’est-à-dire à la classe de ces astres qui peuvent toujours être aperçus à l’œil nu. Voici comment j’essayai, dans une séance de l’Académie des sciences de 1843, de rattacher ce phénomène à la forme des objets très-lumineux observés sans le secours d’aucun instrument d’optique :

« Quand on regarde Jupiter à l’œil nu, cette planète semble formée d’un point central fort lumineux, d’où partent, dans tous les sens, des rayons divergents. Ces rayons sont plus ou moins longs. Il existe, sous ce rapport, d’énormes différences entre tel et tel observateur : chez l’un, les rayons ne dépassent pas trois, quatre ou cinq minutes de degré ; chez d’autres, ils s’étendent à douze ou quinze minutes. Pour tout le monde, les satellites se trouvent donc ordinairement noyés dans une fausse lumière.