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Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences - Astronomie populaire, tome 4.djvu/381

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« Si nous supposons maintenant que l’image de Jupiter, dans certains yeux exceptionnels, s’épanouisse seulement par des rayons d’une minute ou de deux minutes d’amplitude, il ne semblera plus impossible que les satellites soient de temps en temps aperçus sans avoir besoin de recourir à l’artifice de l’amplification. Pour vérifier cette conjecture, j’ai fait construire une petite lunette dans laquelle l’objectif et l’oculaire ont à peu près le même foyer, et qui dès lors ne grossit point. Cette lunette ne détruit pas entièrement les rayons divergents, mais elle en réduit considérablement la longueur. Eh bien, cela a suffi, dès le premier essai, pour qu’un satellite (le troisième), convenablement écarté de la planète, soit devenu visible. Le fait a été constaté par tous les jeunes astronomes de l’Observatoire, MM. E. Bouvard, Laugier, Mauvais, Goujon, Faye.

« Dès qu’on a établi que les satellites de Jupiter peuvent être aperçus sans grossissement d’aucune sorte, il est évident que l’œil qui réduira les rayons divergents de l’image de la planète à la longueur que ces rayons conservent dans la petite lunette non grossissante, découvrira ces faibles astres tout aussi bien que les yeux ordinaires le font en employant l’instrument. Tout porte à croire qu’il existe des yeux naturellement doués de cette perfection : des yeux qui dépouillent les images des objets éloignés et les plus brillants de presque toute fausse lumière. »