Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences - Astronomie populaire, tome 4.djvu/537

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Le célèbre astronome de Brême avait cru remarquer que les orbites de Cérès et de Pallas se coupaient en deux points de l’espace par lesquels vint à passer ultérieurement l’orbite de Junon. Ce fait remarquable, et quelques observations sur des irrégularités du reste fort difficiles à constater, dans la forme des nouveaux astres, l’amenèrent à supposer qu’ils étaient les fragments d’une grosse planète qui fit jadis explosion dans l’un des deux points communs aux trois orbites. Il imagina que d’autres fragments de cette planète primitive devaient exister dans les mêmes régions, et passer, à chacune de leurs révolutions autour du Soleil, par les points d’intersection dont il vient d’être parlé. Ces points se trouvaient dans la Vierge et dans la Baleine. Olbers s’attacha donc à observer chaque année les étoiles de ces constellations, particulièrement aux époques où elles sont en opposition. Un brillant succès couronna ses efforts, et, le 29 mars 1807, il découvrit Vesta.

Je demanderai maintenant aux personnes les plus prévenues, d’expliquer quelle ressemblance, quelle analogie il peut y avoir entre l’idée ingénieuse, mais si bizarre, d’Olbers ; entre la supposition qui conduisit ce célèbre astronome à la découverte de Vesta, et les calculs de M. Le Verrier, fondés, sans hypothèse d’aucune sorte, sur la théorie de l’attraction universelle. À l’aide de ces calculs, on a pu, non pas seulement annoncer qu’une planète, si elle existait, viendrait à passer à une époque indéterminée dans telle ou telle constellation ; mais on a démontré qu’une planète existait nécessairement au delà d’Uranus, dans une direction déterminée et à une distance déterminée.