Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences - Astronomie populaire, tome 4.djvu/598

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qui primitivement était très-voisin de la baie d’Hudson, se trouva transporte plus à l’orient. Mais les contrées qu’il venait d’abandonner avaient été si longtemps et si profondément gelées, qu’il y reste encore aujourd’hui des traces évidentes de cet ancien froid polaire. Il faudra, ajoutait-on, une longue série d’années pour que l’action du Soleil procure aux parties boréales du nouveau continent, le climat correspondant à leur position géographique, dégagé des effets de l’influence frigorifique qu’elles avaient anciennement subie.

Cette théorie pouvait paraître plausible du temps de Halley. Aujourd’hui que le fait météorologique qu’elle devait expliquer est connu dans tous ses détails, elle se trouve inutile, insuffisante, contraire même aux observations.

Il est très-vrai qu’à égalité de latitude il fait beaucoup plus froid aux États-Unis qu’en Europe ; mais cette dissemblance s’efface presque entièrement quand les points de comparaison en Amérique sont pris sur la côte occidentale, ou, en d’autres termes, près des rivages du grand Océan. Ainsi, en admettant l’hypothèse de Halley, l’ancien pôle nord de la Terre n’a modifié en Amérique que la température de la côte orientale. Il a donc fallu que ce pôle se trouvât situé primitivement ou sur cette côte même, ou sur des méridiens qui en fussent peu éloignés. Alors quelle serait la cause du froid excessif de la côte d’Asie, qui, sous des latitudes semblables, ne le cède pas à celui de la côte atlantique de l’Amérique du nord ? Hâtons-nous de le dire, Halley ne connut qu’un petit coin de l’intéressant phénomène de climatologie qu’il voulut