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INTRODUCTION.

PRÉFACE DE LA 4e ÉDITION.


L’acquéreur de cette nouvelle édition des Souvenirs d’un Aveugle avait demandé une préface à l’auteur. M. Jacques Arago s’était déjà mis à l’œuvre, quand parut dans les Débats une analyse de ce grand ouvrage. M. J. Janin, dont la plume a tant d’éloquence, dont le jugement a tant de prix, venait de rendre compte des quatre volumes déjà prônés par tous les journaux, et pour la justification de son entreprise, l’éditeur n’a pas cru mieux faire que de placer en tête de ces Souvenirs les pages rapides, colorées, pleines de cœur, de fougue et d’originalité, qui caractérisent si bien le feuilletoniste du Journal des Débats. M. Arago a voulu tout d’abord, par un sentiment de modestie bien compris, se refuser à cette publication ; mais il devait aussi quelque chose à celui qui lui avait consacré tant de colonnes, et il a fini par céder à cette considération puissante.

M. J. Arago tire donc vanité du mérite de l’éloquent critique, et notre livre s’enrichit de quelques pages qui ajoutent à sa valeur.

Je n’ai pas le temps de décrire un préambule, le vent souffle, le vent s’agite dans le port, nous avons à faire le tour du monde ; partons donc ! À peine s’il nous est permis de jeter un regard d’adieu et de regret sur Toulon, la première conquête du soldat Bonaparte. Toulon tient à la mer, comme le château-fort tient au fossé, comme le navire tient à sa nacelle. Déjà nous sommes en pleine mer. Écoutez ! nous voilà tout de suite au beau milieu de la tempête. Oui, certes, vous êtes servi à souhait, une tempête le premier jour partout le tonnerre, le vent partout ; mais au bout de ce vent-là Barcelone, les îles Baléares, l’Espagne, Gibraltar. On s’arrête à Gibraltar, ce monceau de canons anglais jeté au milieu de la mer. Entre ces gueules