Page:Arago - Souvenirs d’un aveugle, nouv. éd.1840, t.1.djvu/126

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
76
souvenirs d’un aveugle.

châtiments sont le plus cruels, j’allais dire le plus féroces. Et pourtant Saint-Domingue, la Martinique, Bourbon et l’Île-de-France ont eu fréquemment leurs jours de révolte, d’incendie et de meurtre. — Au Brésil seul les esclaves se taisent, immobiles sous la noueuse chicote. Ils ne comprennent pas encore que plus un sol a d’étendue et de déserts plus il est propre à la révolte. Mais vienne une heure de vengeance, mais qu’il s’échappe un seul cri de haine et de mort d’une poitrine vigoureuse, et le Brésil, comme les autres colonies du monde, aura sa Saint-Barthélemy et ses vêpres Siciliennes.

En attendant voyez cet homme qui passe là, avec un anneau de fer auquel est adaptée verticalement une épée du même métal, le tout serrant assez fortement le cou ; c’est un esclave qui a tenté de s’échapper, et que son maître signale ainsi comme vagabond : c’est bien !

En voici un autre dont le visage est entièrement couvert d’un masque de fer où l’on a pratiqué deux trous pour les yeux, et qui est fermé derrière la tête avec un fort cadenas. Le misérable se sentait trop malheu-