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souvenirs d’un aveugle.

De toutes les peuplades avoisinant le Cap, celle des Cafres est la plus turbulente. C’est celle aussi qui tient le plus en éveil le gouverneur de la colonie. Leur manière de combattre est terrible, en effet placés derrière leurs troupeaux de buffles qu’ils ont soumis au joug et qu’ils tiennent par la queue, ils se précipitent avec de grands cris sur leurs adversaires, et vous comprenez le désordre qu’ils doivent faire naître dans les bataillons les plus serrés.

Leurs armes sont des flèches courtes, sans pennes, armées de fer et toujours empoisonnées ; de près ils se servent de casse-tête en bois dur ou en galets, et chacun de leurs coups tue un ennemi.

La chasse au tigre et au lion se fait par eux d’une façon moins dramatique, mais plus curieuse peut-être que celle adoptée par M. Rouvière. Placés à l’abord d’un précipice, ils posent à terre un débris de quelque animal en putréfaction, et dès que le rauquement du tigre, le glapissement de l’hyène ou le rugissement du lion se fait entendre, ils s’accrochent aux anfractuosités d’un rocher à pic et ils agitent à l’aide d’une corde ou d’une longue perche une sorte de mannequin dont ils ne sont éloignés que de