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notes scientifiques.

tainement se refroidir beaucoup ; mais tout refroidissement, si ce n’est dans les régions polaires où la mer est à près de 6° de température, amène une augmentation de densité et un mouvement descendant des couches refroidies. Supposez un Océan sans fond ; les couches en question tombent jusqu’à une grande distance de la surface et doivent en modifier très-peu la température ; mais sur un haut-fond, lorsque les mêmes causes opèrent, les couches refroidies s’accumulent et leur influence peut devenir très-sensible.

Quoi qu’il en soit de cette explication, tout le monde sentira combien l’art nautique est intéressé à la vérification du fait annoncé par Jonathan Williams, et que diverses observations récentes ont semblé contredire ; combien aussi les météorologistes accueilleront avec empressement des mesures comparatives de la température des eaux superficielles, prises en pleine mer et au-dessus du haut-fond ; combien surtout ils doivent désirer de voir déterminer, à l’aide du thermométrographe, la température de la couche liquide qui repose immédiatement sur la surface des hauts-fonds eux-mêmes.


NOTE 10.

La Pluie sur mer.

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Les navigateurs parlent des pluies qui, parfois, tombent sur les bâtiments pendant qu’ils traversent les régions équinoxiales, dans des termes qui devraient faire supposer qu’il pleut beaucoup plus abondamment en mer qu’à terre. Mais ce sujet est resté, jusqu’ici, dans le domaine des simples conjectures ; rarement on s’est donné la peine de procéder à des mesures exactes. Ces mesures, cependant, ne sont pas difficiles. Nous voyons, par exemple, que le capitaine Tuckey en avait fait plusieurs pendant sa malheureuse expédition au fleuve Zaïre ou Congo. Il nous semble donc convenable d’inviter les commandants des navires explorateurs à faire placer l’udomètre sur l’arrière du bâtiment, dans une position où il ne pourra recevoir ni la pluie que recueillent les voiles, ni celle qui tombe des cordages.

On ajouterait beaucoup à l’intérêt de ces observations, si l’on déterminait en même temps la température de la pluie, et la hauteur d’où elle tombe.

Pour avoir, avec quelque exactitude, la température de la pluie, il faut que la masse d’eau soit considérable, relativement à celle du récipient qui la reçoit. L’udomètre en métal ne satisferait pas à cette condition. Il vaut infiniment mieux prendre un large entonnoir formé avec une étoffe légère, à tissu très-serré, et recevoir l’eau qui coule par le bas dans un verre à minces parois renfermant un petit thermomètre. Voilà pour la