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Page:Arago - Souvenirs d’un aveugle, nouv. éd.1840, t.2.djvu/329

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voyage autour du monde.

— Vous voyez donc bien, me répondit le riche planteur, que nous n’avons pas besoin de chasser ces bêtes fauves, elles se détruisent entre elles, et en peu de temps on n’en trouvera qu’au delà des montagnes Bleues. Cependant, avant de faire embarquer mes deux braves matelots, je les présentai à M. et à madame Field, qui leur firent un excellent accueil, car j’avais déjà parlé de leur amitié et de leur dévouement pour moi.

— Vous êtes deux braves garçons, il faut venir nous voir si vous descendez encore à terre.

— Nous n’y manquerons pas.

— J’ai de bonnes choses à vous offrir.

— Quoi donc, sans trop d’indiscrétion ?

— Des pommes excellentes, des pêches sucrées et des oranges fort douces.

— Oh ! ma foi, nous nous plaisons trop à bord, la terre nous ennuie.

— J’ai aussi dans ma cave de bon vin de Bordeaux.

— Nous viendrons vous voir ; M. Arago nous donnera votre adresse, et nous aimons trop… les honnêtes gens pour leur faire défaut.

— Quelques jours après. Marchais et Petit, étendus à terre dans une des allées du jardin de M. Field, ne surent plus pendant quelques heures s’ils étaient en France ou à la Nouvelle-Hollande ; faibles ce jour-là, ils avaient succombé à une attaque contre six bouteilles de bordeaux.