Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 1.djvu/223

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l’examinateur et le professeur doivent journellement payer de leurs personnes ; là, sous les yeux d’une pépinière d’auditeurs habiles, et quelque peu enclins à la malice, des épures inexactes, de faux calculs, de mauvaises expériences de chimie et de physique, chercheraient vainement un refuge sous le manteau des opinions du jour. Fresnel pouvait donc espérer que malgré sa récente profession de foi, on ne lui retirerait pas la place d’examinateur temporaire. Cette place, d’ailleurs, est extrêmement pénible, et, l’expérience l’a suffisamment montré, ce sont les sinécures surtout qu’on poursuit avec ardeur. Fresnel reprit donc ses anciennes fonctions ; mais à la suite des examens de 1824, une attaque d’hémoptysie vint le condamner à la retraite et vivement alarmer ses amis. À partir de ce moment, notre malheureux confrère fut obligé d’abandonner toute recherche scientifique qui demandait de l’assiduité, et de consacrer au service des phares le peu de moments de relâche que sa maladie lui laissait. Les soins les plus tendres, les plus empressés, devinrent bientôt impuissants contre les rapides progrès du mal. On résolut alors d’essayer les effets de l’air de la campagne. Ce projet de déplacement était, hélas ! un indice trop évident du découragement qu’éprouvait le médecin habile auquel Fresnel avait donné sa confiance. Cependant, pour ne point affliger sa famille, notre malheureux confrère eut la condescendance de paraître espérer encore, et au commencement de juin 1827, on le transporta à Ville-d’Avray. Là, il vit approcher la mort avec le calme et la résignation d’un homme dont toute la conduite a été sans reproche. Un jeune ingénieur très-distingué, M. Duleau, trouva