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entre les années 82 et 60 avant J.-C. On y lisait que les Galates, nom grec des Gaulois, avaient été disciples de Pythagore[1]. C’est une prétention de la vanité grecque qui n’est fondée sur rien, et quand nous étudierons la doctrine celtique de l’immortalité de l’âme, nous verrons qu’entre cette doctrine et celle de Pythagore il y a des différences assez grandes pour les faire considérer comme indépendantes l’une de l’autre. Ainsi l’âme du Celte mort trouve un corps nouveau dans un monde autre que celui-ci : suivant Pythagore, l’âme du mort trouve un corps nouveau dans le monde où nous vivons. Habiter un corps nouveau est l’espérance du Celte ; cette espérance console et réjouit le guerrier qui succombe sur le champ de bataille : chez Pythagore, habiter un corps nouveau est une peine, une expiation ; l’âme du juste y échappe, elle mènera dans les espaces aériens une vie purement spirituelle[2].

Mais la doctrine celtique de l’immortalité de l’âme n’est pas le sujet qui nous occupe actuellement : nous cherchons à quelle date le nom des druides apparaît pour la première fois dans l’histoire, et nous ne le trouvons ni dans ce fragment d’Alexandre Polyhistor, ni dans les passages de Diodore de Sicile

  1. « Ἀλεξανδρὸς δὲ ἐν τῷ Περὶ Πυθαγορικῶν συμβόλων… ἀκηκοέναι τε πρὸς τούτοις Γαλατῶν καὶ Βραχμάνων τὸν Πυθαγόραν βούλεται » (Clementis Alexandrini Stromata, I, 15, Didot-Müller, Fragmenta histocorum græcorum, t. III, p. 239).
  2. Mullach, Fragmenta histocorum græcorum de Didot, t. II, p. 10.