Page:Arbouville - Poésies et Nouvelles, III, 1855.djvu/417

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
407
RÉSIGNATION.

disait à Maurice : « Je suis heureuse ; je vous aime, je vous remercie. »

Leur bonheur ne chercha ni le soleil, ni le grand air, ni l’espace ; la petite maison grise en fut le seul témoin. Ursule travaillait toujours, et restait près de ses parents. Mais si sa personne occupait, immobile, la même place qu’auparavant, son âme s’était envolée, libre, ressuscitée, radieuse ; les murs de cette étroite demeure ne la contenaient plus : elle avait pris son essor. Ainsi la douce magie de l’espérance, non-seulement embellit l’avenir, mais encore s’empare du présent, et par son prisme tout-puissant métamorphose l’aspect de toutes choses. Cette pauvre maison était toujours morne et sombre comme depuis vingt ans — mais une seule pensée, glissée au fond du cœur d’une femme, en avait fait un palais. Ô rêves d’espérance ! dussiez-vous fuir toujours comme les nuages dorés s’enfuient dans le ciel, passez ! passez dans noire vie !… Celui qui ne vous a pas connus est mille fois plus pauvre que celui qui vous regrette.

Ainsi s’écoula pour Ursule un temps bien heureux.