Page:Arbouville - Poésies et Nouvelles, III, 1855.djvu/418

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
408
RÉSIGNATION.

Mais un jour arriva où Maurice, en entrant dans le petit salon, dit à sa fiancée ;

« Mon amie, hâtons notre mariage ; le régiment va changer de garnison : il faut nous marier pour que vous partiez avec moi.

— Allons-nous loin, Maurice ?

— Êtes-vous donc effrayée, ma chère Ursule, de voir un nouveau pays, un autre coin du monde ? Il y en a de plus beaux que celui-ci.

— Ce n’est pas pour moi, Maurice, mais pour mes parents ; ils sont bien vieux pour faire un long voyage ! »

Maurice resta immobile devant Ursule. Quoique le voile épais que le bonheur met sur les yeux eût empêché Maurice de réfléchir, pourtant il savait bien qu’Ursule, pour partager sa destinée errante, devait se séparer de ses parents. Il avait prévu sa douleur ; mais, confiant dans l’amour qu’il inspiraiy, il avait cru que cet amour dévoué aurait