Page:Arbouville - Poésies et Nouvelles, III, 1855.djvu/421

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
411
RÉSIGNATION.

« je vous en conjure, ne vous laissez pas égarer par les élans de votre cœur généreux ; réfléchissez, regardez la vérité en face. Nous ne refusons pas de donner ; nous n’avons rien à donner ! Nous ne pouvons vivre que seuls ; et encore, parce que vous et moi nous aurons du courage pour souffrir.

— Je ne puis les quitter !… » reprit Ursule avec déchirement en regardant les deux vieillards endormis dans leurs fauteuils.

« Ne m’aimez-vous pas, Ursule ? » dit Maurice à sa fiancée.

La pauvre fille ne répondit que par un torrent de larmes.

Maurice resta longtemps encore près d’elle. Il lui dit mille douces paroles de tendresse ; il lui expliqua cent fois leur position, amena dans son esprit la conviction que ce qu’elle avait rêvé était impossible, entra dans les détails de l’existence future de ses parents, puis la quitta, après lui avoir