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RÉSIGNATION.

sans bornes de son époux : il y a des affections qui ont besoin d’un chemin facile ; mais une barrière à franchir vint, comme une fatale épreuve, mettre en pleine lumière aux yeux mêmes de Maurice l’amour qu’il éprouvait : il en vit les limites.

Maurice supplia, pleura longtemps, puis enfin se blessa, se découragea et s’éloigna.

Un jour vint où, tandis qu’Ursule était assise près de sa fenêtre, elle entendit de loin passer une musique militaire, et des pas lourds et mesurés retentirent à son oreille. C’était le régiment qui partait, musique en tête. Les fanfares du départ venaient, comme un triste adieu, résonner, puis s’éteindre dans la ruielle qu’Ursule habitait. Tremblante, elle écouta. La musique, d’abord éclatante et tout près d’elle, bientôt s’adoucit et s’éloigna ; de loin, elle ne parvint plus à ses oreilles que comme une rumeur incertaine ; puis, de temps en temps, le vent seul en apporta jusqu’à elle un son isolé ; puis enfin, un silence complet succéda à tous ces chants qui se perdaient dans l’espace. La dernière espérance de la vie d’Ursule semblait attachée à ces ac-