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Page:Archives curieuses de l’Histoire de France, série 1, tome 7.djvu/10

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mauvais desseins, et leur innocence est-elle aussi bien démontrée que leur infortune ? Le sang versé coulait-il comme prémices ou comme représailles d’une guerre d’extermination, et verra-t-on dans l’arme qui a frappé le poignard de l’assassinat ou le glaive de la vengeance ? Les ordonnateurs de cette homicide tragédie ont-ils commandé ou obéi à leur époque, et la responsabilité du dénouement est-elle nationale ou individuelle ? L’éloge après suppose-t-il le calcul avant l’exécution, et faut-il envisager comme un exploit dont on se vante, un bonheur dont on se réjouit ? Ces problèmes sollicitent à la fois l’investigation patiente des érudits et la méditation profonde des philosophes.

Nous avons consciencieusement recueilli les éléments épars du fait terrible sur lequel on trouvera ci-après les descriptions les plus détaillées, et revu les textes avec l’attention de supprimer toute longueur et d’éclaircir toute obscurité. Quant aux conjectures hasardées sans fondement, multipliées sans accord et adoptées sans examen, touchant le nom des auteurs ou le mérite, des pièces, nous n’en disons rien, ne voulant pas servir d’écho à ces préjugés dont l’influence entraîne la crédulité, et l’assurance intimide la raison. Cette réserve a présidé et présidera toujours au choix de ce recueil. Cinq des relations qui nous occupent maintenant, le Tocsin des massacreurs, le Réveille-matin des Huguenots, les Registres de l’Hôtel-de-Ville, les Mémoires de l’État de France et le Stratagème de Charles IX, présentent le tableau de l’exécution dans ses préparatifs ordonnés et ses effets accomplis. La dernière a encore pour but d’en manifester la pensée secrète. L’auteur, Capilupi, dont les sentiments fanatiques approuvent les résolutions violentes, s’efforce d’établir que le massacre a été voulu, mûri et disposé