Page:Archives curieuses de l’Histoire de France, série 1, tome 7.djvu/187

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fut point cent pas loin du Louvre que, d’une fenestre ferrée (du logis où logeoit ordinairement Villemus, précepteur du duc de Guyse), luy fut tirée une harquebouzade avec trois balles, sur le poinct qu’il lisoit une requeste (allant à pied par la rue). L’une des balles luy emporta le doigt indice de la main droite ; de l’autre balle il fut blessé au bras gauche près du carpe, et sortit la balle par l’olecrâne.

Lorsqu’il fut blessé, le seigneur de Guerchy estoit à son costé droit, d’où luy fut tirée l’arquebouzade, et à son gauche l’aisné des Pruneaux. Ils furent fort esbahys et esperdus, et tous ceux qui estoyent en la compagnie.

L’amiral ne dict jamais autre chose sinon qu’il monstra le lieu d’où on luy avoit tiré le coup et où les balles avoyent donné, priant le capitaine Pilles, qui survint là avec le capitaine Monins, d’aller dire au Roy ce qui luy estoit advenu ; qu’il jugeast quelle belle fidélité c’estoit (l’entendant de l’accord fait entre luy et le duc de Guyse).

Un autre gentil-homme, voyant l’amiral blessé, s’approcha de luy pour luy sous tenir son bras gauche, lui serrant l’endroit de la blessure avec son mouchoir ; le seigneur de Guerchy luy soustenoit le droict ; et en ceste façon fut mené à son logis, distant de là environ de six-vingts pas. En y allant, un gentil-homme luy dit qu’il estoit à craindre que les balles ne fussent empoisonnées ; à quoy l’amiral respondit qu’il n’adviendroit que ce qu’il plairoit à Dieu.

Soudain après le coup la porte du logis d’où l’arquebouzade avoit esté tirée fut enfoncée par certains gentilshommes de la suite de l’amiral. L’arquebouse fut trouvée, mais non l’arquebousier ; ouy bien un sien laquais et une servante du logis. L’arquebouzier s’en estoit soudain enfuy par la porte de derrière, qui sort sur le doistre de