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que, ayant respondu aussi un peu plus asprement, ne fut menacé par le Roy de moins que de la porte de sa teste, s’il ne se ravisoit dans trois jours, que le Roy luy bailloit pour tous délais, l’appelant opiniastre, obstiné, séditieux et fils de séditieux.

Les autres huguenots qui estoyent dedans le Louvre, ausquels à prix ou prière on avoit jusqu’alors sauvé la vie, promettoyent de faire tout ce que le Roy commanderoit ; entre autres Grammont, Gamache, Duras et certains autres, eurent d’autant plus facilement leur pardon que le Roy sçavoit fort bien qu’ils n’avoyent jamais eu que peu ou point de religion. À l’instant on sonna le toxin du Palais, afin qu’on se ruast sur les autres huguenots (de toutes qualités et sexes) qui estoyent dans la ville ; leur prétexte estoit un bruit, qu’ils firent courre, qu’on avoit descouvert une conspiration faite contre le Roy, sa mère et ses frères, par les huguenots, lesquels avoyent desjà tué plus de quinze soldats de la garde (ce disoyent ceux qui estoyent morts) ; partant le Roy commandoit qu’on ne pardonnast à pas un huguenot.

Les courtisans et les soldats de la garde du Roy furent ceux qui firent l’exécution de la noblesse, finissans avec eux (ce disoyent-ils) par fer et désordre les procès que la plume, le papier et l’ordre de justice n’avoyent jusque lors sceu vuider, de sorte que les chétifs, accusez de conspiration et d’entreprise, tout nuds, mal avisez, demi-dormans, désarmez et entre les mains de leurs ennemis par simplicité, sans loisir de respirer, furent tuez qui dans leurs licts, qui sur les toicts des maisons, et qui en autres lieux, selon qu’ils se laissoyent trouver.

Le comte de La Rochefoucaut[1] qui jusques après onze

  1. Voir la note à la page 254.