quels, cuidant que la partie fust dressée contre la personne du Roy mesme, se vouloyent aller rendre près de sa personne, pour luy faire très humble service et mourir, si besoin estoit, à ses pieds ; et ne tarda guères qu’ils virent sur la rivière, et venir droict à eux (qui estoyent encores ès fauxbourgs) jusqu’à deux cens soldats armez de la garde du Roy, crians : « Tue, tue, » et leurs tirans harquebousades à la veuë du Roy qui estoit aux fenestres de sa chambre ; et pouvoit estre alors environ sept heures du dimanche matin. Encores m’a-on dict que le Roy, prenant une harquebouse de chasse entre ses mains, en reniant Dieu, dit : « Tirons, mort-dieu, ils s’enfuyent. » À ce spectacle, ne sachans les huguenots des fauxbourgs que croire, furent contrains, qui à pied, qui à cheval, qui botté et qui sans bottes et espérons, laissans tout ce qu’ils avoyent de plus précieux, s’enfuir pour sauver leur vie, là où ils cutdoyent avoir lieu de refuge plus asseuré. Ils ne furent pas partis que les soldats, les Suysses de la garde du Roy et aucuns des courtisans, s’accagèrent leurs logis, tuans tous ceux qu’ils trouvèrent de reste.
Encores vint-il bien à propos que le duc de Guyse, voulant sortir par la porte de Bussy, se trouva avoir esté pris une clef pour l’autre, ce qui donna tant plus de loisir de monter à cheval aux paresseux ; et ne laissèrent pourtant d’estre poursuyvis par le duc de Guyse, le duc d’Aumale, le chevalier d’Angoulesme et par plusieurs gentils-hommes tueurs, environ huict lieues loin de Paris. Le duc de Guyse fut jusques à Montfort, où il s’arresta, et manda à Sainct-Cégier et autres gentils-hommes d’alentour, de son humeur et partisans siens, de faire en sorte que lesdicts seigneurs et gentils-hommes, qui se sauvoyent de vistesse, n’eschappassent point ; autant en envoya-il dire à ceux de Houdan et de Dreux. En ceste chasse d’hommes, il y eut