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Page:Archives curieuses de l’Histoire de France, série 1, tome 7.djvu/198

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les ducs d’Aumale, de Guyse et de Nevers, qui alloyent par les rues disans : « Tuez tout, le Roy le commande. » Les charrettes chargées des corps morts de damoiselles, femmes, filles, hommes et enfans, estoyent conduits à la rivière.

De bonheur, le seigneur de Fontenay, frère de M. de Rohan, le vidame de Chartres, le comte de Montgomery, le seigneur de Caumont, l’un des Pardillans, Beauvois-la-Nocle, et plusieurs autres seigneurs et gentils-hommes huguenots estoient logez aux fauxbourgs Sainct-Germain, vis-à-vis de Louvre, la rivière entre deux ; et Dieu voulut que Marcel, prévost des marchans de Paris, ayant dès le samedi au soir eu commandement du Roy de luy tenir mille hommes armez prests sur la minuict du dimanche, pour les bailler à Maugiron (auquel il avoit donné charge de dépescher ceux des fauxbourgs, ayant aussi commandé au commissaire du quartier et au contrerolleur du Mas de le guider avec sa troupe par les logis des huguenots), n’eut pas ses gens prests, et que du Mas commissaire s’endormit plus de l’heure assignée. Et cependant un certain homme (qu’on n’a pas veu ny cognu depuis), qui estoit passé dans une nacelle de la ville aux fauxbourgs Sainct-Germain, ayant veu tout ce qui avoit esté fait toute la nuict sur les huguenots en la ville, avertit, environ les cinq heures du dimanche matin, le comte de Montgommery de ce qu’il en sçavoit ; le comte de Montgommery en bailla avertissement au vidame de Chartres et aux autres seigneurs logez aux fauxbourgs, plusieurs desquels (ne se pouvant persuader que le Roy fust, je ne dy pas autheur, mais seulement consentant de la tuerie) se résolurent de passer avec barques la rivière et aller trouver le Roy, aimant beaucoup mieux se fier en luy qu’en fuyant monstrer d’en avoir quelque deffiance. D’autres y en avoit, les-