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Page:Archives des missions scientifiques et littéraires (IA archivesdesmissi2718fran).pdf/129

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Plus loin, dans le bois, vous trouverez un autre ermite, qui est plus vieux et plus savant que moi, et peut-être pourra-t-il vous donner quelque bon conseil.

Il remercie l’ermite, et se remet en route. En traversant une grande lande, il voit des fourmis grandes comme des lièvres qui se dirigent sur lui, et en si grand nombre, qu’il a peur. Deux d’entre elles sont grosses comme des chèvres : Je vais être dévoré par ces bêtes ! se dit-il en lui-même. Mais heureusement il songe à sa serviette et s’empresse de dire : Serviette, fais ton devoir ! Et aussitôt voilà du pain blanc, de la viande et même du sucre ! Il en jette partout autour de lui. Et les fourmis de se régaler ! Quand elles furent rassasiées, les deux qui étaient grandes comme des chèvres lui dirent : Nous sommes le roi et la reine des fourmis. Si jamais tu as besoin de notre aide, appelle et tu nous trouveras. Puis elles s’en vont, et lui il continue aussi sa route. Il arrive à la hutte du second ermite. Il y passe la nuit, comme chez le premier. Celui-ci savait quelque chose du château du Corps sans âme. Mais c’était bien loin encore ! et puis, si haut, si haut, que l’aigle même ne pouvait atteindre jusque là ! — Je suis maître, ajouta-t-il, sur tous les oiseaux ; si jamais vous avez besoin de moi, appelez et j’arriverai.

Il remercie le vieil ermite, et reprend sa route. Après avoir marché longtemps, longtemps, il arrive au bord de la mer. En allant le long du rivage, sur la grève, il aperçoit un petit poisson hors de l’eau et près de mourir. Il s’empresse de le remettre à l’eau. — Merci ! lui dit le petit poisson ; je suis le roi des poissons ; si jamais vous avez besoin de moi, appelez, et j’arriverai. — Allons ! c’est bien, dit le prince ; j’ai toujours pour moi les chers animaux du bon Dieu !

Il continue de marcher le long du rivage et voit enfin les chaînes d’or qui retiennent le château au-dessus de la mer ; mais il ne voit pas le château, tant il est haut ! Il s’arrête à considérer les chaînes d’or et se demande Comment monter jusqu’au château ? Le second ermite m’a dit que l’aigle lui-même n’y peut atteindre !… Mais peut-être bien qu’une fourmi pourrait y arriver, en grimpant le long des chaînes ?… Il appelle à son secours le roi des fourmis. Il arrive aussitôt. — a-t-il pour votre service ? dit-il. — Je voudrais être changé en fourmi pour pouvoir grimper jusqu’au château du Corps sans âme, le long d’une de ces chaînes. — Qu’il soit fait comme vous le désirez, dit le roi des fourmis. Et aussitôt voilà le prince changé en fourmi. Et de grimper, de grimper ! Il arrive enfin au château, il pénètre (toujours en fourmi) dans la chambre de la princesse. Celle-ci jouait aux cartes avec le Corps sans âme. À minuit, le géant va se coucher dans sa chambre, et la princesse reste seule. — Je voudrais redevenir homme ! dit alors la fourmi. Et la voilà encore homme. Étonnement de la princesse. —

Partons ! Partons ! dit le prince. — Impossible ! il faudrait tuer le géant

8.