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Un autre Falasha, nommé Badjar-ound-Ishag, après avoir appris l'existence d'autres juifs que les Falashas, entonna un hymne de remerciement à Dieu, hymne qu'il finit par les paroles :

"Dieu d'Abraham, je te rends grâce (1)."

La croyance des Falashas à l'existence et à l'unité de Dieu me parait suffisamment démontrée par ces citations, mais je vais en ajouter une autre, tirée du journal du missionnaire Gobat, laquelle montrera comment les Falashas croient à l'unité et à la providence de Dieu. Je cite textuellement les paroles de M. Gobat (page 327) : " Un prêtre qui était chez moi a dit à deux Falashas que tous les membres de leur secte sont des boudas (des sorciers). De pauvres Falashas en ont été un peu fâchés, et l'un d'eux a répondu gravement : "Nous ne sommes point des boudas, et supposé même que nous le fussions, vous n'eu avez aucune preuve; c'est pourquoi vous affirmez une chose que vous ne savez point; c'est un faux témoignage. S'il existe des boudas, vous êtes obligés de croire qu'ils ne peuvent rien faire contre la volonté de Dieu , par conséquent ils ne peuvent point faire de mal à ceux qui ont une véritable foi en Dieu ; ainsi la crainte sans fondement que vous avez des boudas ne prouve que votre manque de- foi au Dieu d'Israël. "Puis, se tournant vers moi, il s'est écrié : " Maintenant, vous qui connaissez Dieu, jugez si je n'ai pas raison... "J'ai été étonné de son éloquence, et j'ai été obligé de lui donner raison en présence de » tous les autres. "

Il résulte clairement du discours du pauvre Falasba qu'il reconnaît un Dieu unique qui peut tout et qui sait tout, car si ce Dieu n'était pas omniscient, les boudas ou sorciers pourraient faire du mal à ses adorateurs sans qu'il en sût rien, ou bien en se prévalant d'un moment de négligence de sa part; s'il n'était pas tout-puissant, les sorciers pourraient faire du mol à une personne contre la volonté de Dieu; et s'il y avait plus d'un Dieu, il pourrait se faire qu'un homme eût pour soi un Dieu et un autre contre soi, et que le sorcier se prévalût de la haine du dernier pour causer du mal à cet homme.

La dénomination de Dieu d'Israël par laquelle le Falasha indique son Dieu, est celle qu'ils emploient dans la formule qui commence leurs prières, qui est : Béni soit Dieu, le Seigneur d'Israël...

Les Falashas nient, comme les autres juifs, la divinité de Jésus et son caractère de Messie, ainsi que le prouve surabondamment le récit suivant, tiré, comme le précédent, du journal du -

(I) Journal do Débats, 6 juillet 1815, p. 3, col. 5.