Page:Archives israelites 13.djvu/199

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tsumans. 195 J qu'âla superstition et au fanatisme. Et cela se conçoit très-bien. i ' - Ces paroles étaient dites avec calme et sur le ton de la plus in- g · _ time persuasion par le beau-frère de notre hôte. C'était un _i· . .·s' homme qui, comme le disait Henri IV du maréchal de Biron, se '4 pouvait présenter à ses amis comme à ses ennemis. ll était reli- ~· É ·° · ‘* gieux de cœur, mais sansostentation. ll frondait sans ménagement ' ^' · · · ceux qui sous des dehors d’orthodoxie ultramontaine cachent le fiel et la médisance, au cœur froid, à l'âme sans cesse hérissée con- tre les vices supposés d’une société, où ils ne sauraient tenir un rang. Malgré saraillerie acérée et sarcastique, on l’estimait gé- néralement, et il dominait, sur le cercle des amis de son beau- . frère, d`un ascendantirrésistible. — Cependant, hasarda un autre interlocuteur, est-ce à dire qu`on dort imputer à nos pères, qui étaient si sincèrement reli- gieux, les ignominies et les fautes de nos contemporains? Aasu- rément, ceux qui renient la religion de leurs ancêtres, c’est qu'ils ne la connaissent pas! ` — Loin de moi la pensée de vouloir atténuer tout ce qu’il y a d’infâme et d’ignoble dans les sentiments qui mènent à l’apo- stasie. Mais savez—vous bien à qui revient le tort d’avoir jeté dans notre génération, je ne dirai pas le doute, mais ce désir violent de raisonner, ou, si vous l’aimez mieux, de déraisonner sur les cho- ses les plus simples et les plus sacrées? Je vais vous le dire: C’est à ceux qui ont constamment nié la marche du siècle; qui protestent encore par leurs us et coutumes contre le nouveau train des idées et des sensations; c’est à ceux qui se jugent ver- tueux, non sur ce qu'ils font, mais seulement sur ce qu’ils croient; ce sont ceux qui, doux au dehors et barbares au dedans, ont la voix de Jacob et les mains d‘Esaü; en un mot, ce sont les fanatiques, le terme est usé, mais j’y tiens, ce sont les fanati- ques, qu’ils soient sincères ou de mauvaise foi! ll avait prononcé ces paroles avec véhémence, en les accom- · pagnant d’un geste rapide et expressif. — Au reste, Messieurs, ajouta-t-il d’un ton plus doux et comme avec tristesse, je trouverais moi-même ces conclusions bien sé- . vères, si je n‘avais pour moi Pexpérience des, faits plus encore que celle de ma raison. J'ai été presque le témoin d’un drame