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Ce système consiste à faire chaque quatrième année de treize lunaisons au lieu de douze, c'est-à-dire à ajouter à l'année trente jours, de quatre en quatre ans. Comme cela ne suffirait pourtant pas pour faire raccorder l'année lunaire avec la solaire, puisque quatre an nées solaires de 365 jours chacune, forment un total de 1460 jours, tandis que quatre années lunaires de 354 jours, plus une lunaison de trente jours ne donnent que 1446 jours, c'est- à-dire quatorze jours de moins, les Falashas négligent, pour recommencer le compte, ces quatorze jours, selon leur expression (1), dont le sens parait être qu'ils ne commencent point une nouvelle lunaison avec ces I4 jours, mais qu'ils en font des épa- gomènes qu'on ajoute chaque quatrième année à la lunaison intercalée ; en ne commencent ainsi à compter la nouvelle lune fle Nésan qu'après les épagomènes.

Cette manière d'équilibrer l'année lunaire et la solaire diffère tout à fait de celle qu'emploient aujourd'hui les juifs. Cela montre, à mon avis, que les Falashas se séparèrent des autres juifs avant l'époque où le calendrier de ces derniers reçut la forme qu'il possède à présent, puisque, à cette époque, les Falashas ue communiquaient déjà plus avec eux. Or, comme l'époque de la fixation du calendrier judaïque tel qu'il est aujourd'hui remonte à la moitié du quatrième siècle après l'ère vulgaire, où R. Hillel fixa et promulgua les règles de ce calendrier, il faut en déduire nécessairement que l'établissement des Falashas en Abyssinie remonte au moins avant la moitié du quatrième siècle après l'ère vulgaire.

Un fait fort curieux pourtant, s'il était vrai, viendrait infirmer la différence du calendrier falasha du judaïque. C'est que, selon M. d'Abbadie, la Pâque dans l'an 1848, commençait pour les Falashas le mardi 18 avril (2), et que ce jour-là fut précisément celui où commença la Pâque pour les autres juifs. Or, les lois du calendrier judaïque sont tellement compliquées, qu'il est difficile que, sans suivre ces mêmes lois, les Falashas aient pu solenniser le premier jour de la Pâque avec les autres juifs. La coïncidence

(I) Réponses, p. 10 (cf. p. 20). (1) Ibid.,p. Î2.