Page:Archives israelites 13.djvu/379

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IIlAlI.|1"l|. 375 raison, qui se brise, impuissante, contre les forces infinies de la divine Providence! ` Alors je priai! je priai avec toute la ferveur de mon âmeï J’ouvris avidement mon petit livre hébreu des psaumes qui ne me quittait jamais,—ne souriez pas, — et je lus, mais avec une plus parfaite lucidité, ces louanges immortelles au Dieu vi- vant, dédiées par un roi de la terre au Monarque des cieuxl Dece moment aussi, j`ai mieuxcompris le noble enthousiasme, les méditations et les harmonies de ces bardes de la nature: Bernardin de Saint-Pierre, Hervey, Young et Chateaubriand !... Il y avait près d’un an que je vivais, isolé presque , au milieu de mes bruyants condisciples. Ma croyance religieuse avait été des l’abord une sorte de démarcation entre mes jeunes cama- rades et moi. Dans les premiers jours, il semblait qu’on me fuyait; i en classe méme, on s’écartait de moi comme avec répulsion; V mais peu à peu les mauvais instincts se dissipèrent, et, mieux que dans la société des hommes, le préjugé disparut complétement après quelques mois de rapports plus fréquents et plus intimes. Un jour, notre proviseur entra dans la salle de notre division, accompagné d’un monsieur d’un âge avancé, à la taille élevée, au regard en dessous, à la physionomie peu avenante. lls étaient snivis d'un jeune garçon de mon âge à peu près. Notre proviseur prit à part le maître d`étude et lui parla longtemps en présence t du vieillard et de l'enl`ant, qui, à plusieurs reprises, tourna vers moi ses regards curieux. . · Vous comprenez quelle dut être ma joie, quand, à la récréa- tion, j`appris que notre nouveau camarade était, comme moi, israélite! A partir de cejour, je ne fus plus seul. La vie du col- lége devint moins triste, moins monotone. Mon ami était d'un caractère très-doux, presque timide. Son esprit était sans malice, naïf jusqu‘à la crédulité. Je ne me rappelle point d‘avoir jamais i rencontré un visage qui fût l’expression aussi vraie des qualités les plus exquises du cœur. Élevé par son aîeul, com me je le sus après, il avait été accoutumé de bonne heure à se plier à la vo- · lonté inexorable de ce vieillard, qui devait peser toujours sur son existence d‘une manière aussi fatale. —J’aime assez la croyance Digiiwd ny Googlc