Page:Archives israelites 13.djvu/634

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

628 Aacnrvss p fer-blanc ornées de petits chandeliers munis de bougies à la mè- l che intacte. Trois ou quatre jours aussi avant la noce, le tinte- , ment du mortier broyant encore force sucre et cannelle, retentis- sait du matin au soir; les abords de la maisounette étaient h jonchés de pattes, de crêtes et de plumes de volailles, indices d‘une bombance prochaine et la membrane olfactive des voi- sins était agréablement chatouillée par de délicieuses odeurs " de pâtisserie annonçant leur Léa à cent pas à la ronde ; Léa, dont le légitime renom était bâti sur de longs et éclatants ser- vices rendus au public gastronome de T .... ; car malgré le pen- chant du villageois et des villageoises à la médisance et au can- can, jamais, queje sache, on n’a pu articuler, dans le hameau, le moindre grief contre le talent et la sûreté d’exécution de notre incomparable maitresse d’h6tel; aussi, comme tous ceux qui ont la conscience deleur valeur, Léa était passablement susceptible, et il n’eût pas fait bon de lui taire une observation non fondée ouin- tempestive; elle anrait laissé·là noce, étrangers et public et on se serait arrangé comme on aurait pu ; d‘un autre coté, par un juste retour de sévérité envers elle—méme, elle avait son point d’honneur àsa manière, et si onques il fût arrivé que le scandale d'un potage manqué, d’une tourte échouée, ou d’un rôtbrùlé fut venu ternirsa longue et glorieuse carrière, Léa, je ne crains pas de l‘aftirmer, n’aurait pas survécu à cette honte; nul doute, l’exemple de Vatel se serait renouvelé. C’était un talent aussi consommé et un succès aussi éprouvé par letemps qui attirait à Léa la pratique de p toute l‘aristocratie israélite et aujourd'hui lui valait celle des n Nathan que je m'empresse de faire retrouver avec tous les autres gens de la noce. p Au moment donc, où convaincu par le puissant argument du j père Salomon, je remontai le village avec lui, la nuit nous avait j insensiblement envahis; le froid était piquant, la bise souftlait V avec violence; la perspective de nous trouver bientot en face l d’un bon diner, dans une pièce bien close et bien chaude, nous l fit hàter le pas; arrivés à l’entrée de la petite ruelle habitée par l nos traiteurs, nous fûmes guidés jusqu‘à l'intérienr de la petite maison par un flot de lumière inaccoutumé jaillissant à travers les V petits carreaux ronds enchâssés dans du plomb; la maisonnettc Digitized ny Google